A la rencontre de ces Parisiens qui aiment dormir à l'hôtel à Paris

A la rencontre de ces Parisiens qui aiment dormir à l'hôtel à Paris

Partager

Share Twitter
Share Facebook
Share Linkedin

Publié sur le site www.timeout.fr | 09/02/2017 | Lien direct

En général, dormir à l'hôtel reste pour eux une soirée exceptionnelle, réservée à une occasion spéciale. Directrice d'une agence de communication, Mia nous confie ainsi : « Mon mari m’a fait la surprise de m’emmener à l’hôtel un soir. Il faut dire que c’était un 7 (on s’est rencontrés un 7) et j’étais enceinte de notre fille. On voulait profiter tous les deux tant qu’il était encore temps. » Idem pour Fanny, qui travaille dans le tourisme : « Pendant longtemps, je ne pouvais pas trop partir en vacances le week-end à cause de mon boulot. Pour compenser, mon copain m’avait réservé un resto et un super hôtel. Ca paraît bête mais tu as l’impression de partir en voyage. » Une expérience dépaysante donc, d'autant plus que vos voisins de palier sont chinois, allemands, brésiliens, libanais... « J’adore me retrouver dans des endroits à Paris où il n'y a que des touristes, poursuit Fanny, tu vois leur bonheur absolu d’être là. C’est chouette de prendre le petit déjeuner avec eux, pendant qu’ils programment leur journée, ce sont des ondes très positives. Pour eux, tout est magique, c’est Paris ! »

Pas de jaloux, les garçons aussi se font inviter : « Pour mon anniversaire, on est allés à l’hôtel de Chantal Thomass à la porte de Versailles [le Vice Versa à Paris 15e, ndlr], se souvient Pierre, ma copine avait décidé de me faire la surprise. C’était très intimiste, il y avait même un petit hammam. » Ok, c'est un peu cliché, mais l'effet aphrodisiaque de l'hôtel continue de séduire les couples, qu'ils soient épanouis ou non. « C’est vrai que ça relance le couple, reconnaît Fanny, tu te fais des cadeaux, tu t’obliges à avoir un rythme en commun. » Terminée la routine pantouflarde, bonjour le faste et l'émerveillement. « On pense tout de suite à se jeter sous la couette, parce que c'est excitant d’être à l’hôtel à Paris, nous dit Mia, le temps n’est pas pareil, on oublie le quotidien et on profite comme si on était à l’étranger. On prend soin de l’un et de l’autre, on fait une pause avec le reste. On se balade, on (re)découvre les restos du coin avec un autre regard. »

« Disons qu'on fait autre chose que regarder la télé »

Vous sentez cette odeur suave, cet érotisme torride, qui s'épanchent dans l'alcôve d'un trois étoiles ? « Disons qu’on fait autre chose que regarder la télé, lâche Pierre. On commande des cocktails dans la chambre, on discute. Il y avait aussi une console de jeu, on s’est fait une partie avec ma copine. Ca favorise la communication, c’est certain. » Il n'y a pas que les couples installés qui profitent des chambres d'hôtel pour les plaisirs de la chair, il y a aussi ceux qui n'ont pas le choix, comme Hakim qui habitait alors en lointaine banlieue : « Ma copine de l'époque partageait sa chambre avec son coloc donc impossible d'aller chez elle. On buvait un verre à Pigalle et on a fait les hôtels pas trop chers du coin. Ils étaient tous complets. Du coup, j'ai cherché sur Internet le premier hôtel à moins de 100 € qui était dispo, sans jamais regarder la tronche de la chambre... Dans ce cas-là, tu y vas juste pour faire ton affaire. La prochaine fois, je le ferai sobre et j'irai dans un bel endroit pour kiffer. »

Et les couples adultères ? Ca n'existe pas, voyons. « C'est assez tabou », constate Juliette, qui a déjà dormi à l'hôtel avec un homme qui était en couple. « Sa copine n'était pas là, mais je ne voulais pas aller chez lui, ça me semblait glauque, même si c’est hypocrite de ma part ! Donc on est allés à l’hôtel, ça permet de moins culpabiliser. Les gens ne le disent pas forcément, mais la majorité des Parisiens qui vont à l’hôtel à Paris, c’est parce que c’est pas avec leur conjoint, même s’ils ne vont pas le crier sur les toits. » Maintenant que les garçonnières coûtent cher à Paris, faire « l'amour l'après-midi » comme dirait Eric Rohmer devient en effet une activité surtout hôtelière. Le site Dayuse.com, qui propose des chambres d'hôtel de caractère à prix réduits en pleine journée, met plutôt en avant une activité « de loisir » en plein boum. « Dans notre clientèle, nous explique Déborah, il y a des groupes de filles qui se font un spa pour un enterrement de vie de jeunes filles ou des bandes de copains qui louent une suite pour voir un match de l'Euro. »

« On est passés totalement ivres devant l'hôtel et on a pris une chambre »

En réduisant les prix de 30 à 75%, Dayuse.com a bien compris que les Parisiens sont des touristes comme les autres : ils aiment le petit détail qui tue et qu'ils ne peuvent pas se payer d'habitude, une vue sur la Seine, un jacuzzi, une piscine privative, une déco super design. Des avantages qu'ils ne veulent plus laisser aux autres. « Avec mon copain, on habitait dans le 7e, se souvient Fanny, et après une soirée très arrosée on est passés devant la devanture d’un hôtel qu’on connaissait bien. A chaque fois qu’on le voyait, il nous donnait envie. Alors quand on l’a revu en étant bourrés, on a craqué ! Finalement, c’est le meilleur souvenir d’hôtel que j’ai. Parfois, on se dit "ils ont de la chance les touristes de pouvoir dormir ici", mais si on a les moyens, alors ce serait bête de se frustrer. » Même spontanéité pour Pierre, qui avait repéré le Kube Hôtel (18e) dans une émission de télé. « L'hôtel propose une expérience à part, boire des cocktails dans une ambiance "froide", j’aimais bien leur design et ça m’a interloqué. La chambre était assez grande, 40 m2 environ, style glacé, avec de la fourrure blanche, une salle de bains ouverte sur la chambre. »

Bref, l'hôtel à Paris, oui, mais pas n'importe lequel. Il faut évidemment qu'il ait du caractère, du style, des avantages, qu'il soit situé dans un quartier qu'on souhaite découvrir. Directeur artistique dans une agence de design, Pierre lorgne en ce moment sur le Mama Shelter de Philippe Starck et son rooftop (20e). « A Paris, on est plus exigeant sur l’hôtel qu'à l'étranger, note Pierre, parce qu’on y va justement pour le lieu, pas pour la fonction. » Etudiante à l'université, Chloé renchérit : « Si je prends une chambre d’hôtel à Paris, c’est pour rester dedans ! » Il faut dire qu'une nuit d'hôtel représente un sacré budget, autant rentabiliser. La semaine prochaine, la Saint-Valentin sera d'ailleurs l'occasion d'une multitude d'offres spéciales sur le site Day Use, champagne, hammam, repas... A vous de voir si vous cédez à la tentation de l'hôtel avant celle de l'autel.